Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

journal d'un fou

15 avril 2005

Ennui

Je m'ennuie à mourir et quand je m'ennuie, j'écris. L'écriture passe le temps. Je me force. Je cherche les maux mais, les mots ne viennent pas, alors je tourne en rond en formant des lignes droites de mots simples. Ceux qui viennent sans qu'ils aient quelque chose à voir avec le sujet.

Aujourd'hui, je m'ennuie à mourir mais, je ne me suiciderai pas. Aujourd'hui, je n'ai pas envie, pas le goût. Je ne broie pas du noir, uniquement de l'ennui. D'ailleurs, que pourrais-je bien faire ? Du ménage, la vaisselle, une lessive...

Je pourrais aller marcher, me promener. Je croiserai peut-être quelqu'un, quelqu'une, quelque chose ! De quoi passer la journée, l'après-midi. Je m'ennuie parce que je suis seul. Et je ne suis pas amoureux. Je me lamente dans ma triste solitude. Que faire... Que faire... Que faire... Que faire... Que faire... Que faire... Que faire... 

Que fais-je ? Que dois-je faire ?

J'aimerai rencontrer quelqu'un comme moi. J'aimerai que quelqu'un rencontre quelqu'un comme moi. Qu'on me rencontre ou que je rencontre... Qui es-tu ?... Où es-tu ?... Parles-tu ?... Aimes-tu ?... Veux-tu ?...

Pitié... ce n'est pas en restant devant ce foutu écran d'ordinateur, le clavier sur les genoux, que je rencontrai quelqu'un. Il me faut un coup de pied dans le cul pour être éjecté dans le froid, sous ce ciel gris et lourd.

Pitié... qui pourrait me foutre un coup de pied au cul pour que je sorte de cette maudite tannière. L'être sauvage veut vivre...

Pitié...

Pitié...

Pitié.

Pas aujourd'hui. Demain peut-être et hier...

Publicité
Publicité
14 avril 2005

Silences...

Sous mes fenêtres, des gens passent. Des gens se baladent. Des gens regardent. Des gens repassent. Les gens sous mes fenêtres m'écorchent avec les yeux. Leurs yeux qui cachent tant de questions étranges : "Mais qui est cet homme derrière ses fenêtres qui nous regardent. Qui nous dévisage. Cet homme..." au visage fin et curieux... Je souffre, un peu à l'intérieur. Mon regard douloureux intrigue, j'en suis conscient. Dois-je répondre ? Je ne leur dois rien. Le silence est ma réponse. Ai-je tort ou raison ? Je m'en moque... Je choisis le silence. Le silence inquiète, fait peur. Le silence créé un malaise : le mal-être... Etre mal... Etre malade... bobo la tête... Je ressens des craquements à l'intérieur. Mon âme pleure peut-être mais, chigne silencieusement... silence... silence... Que j'aime le silence...

J'aime le silence du silence. Celui qui est encore plus terrifiant que le simple silence... Rien que le mot est beau : silence... Je l'aime. Je l'aime à m'esquinter la peau du front contre les murs, contre les meubles, contre le sol... Qu'il me fasse mal. Qu'il fasse mal pour oublier l'autre douleur. Une douleur peut en cacher une autre. Une douleur, si petite soit-elle, est douce... si douce... si doucement effroyable. Je l'aime...

Sous mes fenêtres, des gens passent. Des gens se baladent. Des gens regardent. Des gens repassent. Des gens... des gens au visage fermé. Des gens au visage heureux. Des gens au regard lassé. Des gens fatigués... Et moi, je les regarde... Je les dévisage. Je les imagine. Je les déshabille. Je ...

13 avril 2005

Dans les rues, je croise des visages inconnus,

Dans les rues, je croise des visages inconnus, des figures égarées et je baisse les yeux pour ne pas voir la tristesse dans leur regard. Que fais-je ici, dans les rues sombres, sur les trottoirs crottés, au milieu des carrefours en courant d'air ?

Toutes ces maisons renferment des vieux grabataires ; des histoires que je ne connais pas. Je m'abrite du vent sous un porche, roule une cigarette et l'odeur de soupe, de naphtaline, d'urine, me tourne la tête et me fout la gerbe. J'entends un vieux qui tousse fort et gras. Je l'imagine crachant un poumon sur le carrelage blanc que le petit caniche croquerait et rougirait de sang son museau et ses yeux de porc affamé. Puis en face, derrière ses carreaux, dans son fauteuil, une vieille au visage rabougrit, un châle noir en laine rongé sur les épaules. Elle ne bouge plus plus depuis longtemps. Elle reste là, toute la journée à guetter la mort. Elle garde ses forces pour frapper le carreau le jour où elle passera sur le trottoir d'en face... La vielle ne mange presque plus : plus faim et plus de dents. Elle ne va plus aux toilettes : plus la force. Elle ne se lave plus : trop de douleurs ou simplement plus envie... Elle se chie dessus et se pisse dessus. Parfois elle vomit les quelques miettes de pain qu'elle avale après les avoir longuement suçotées. La vieille rabougrit se laisse mourir dans son fauteuil...

J'écrase mon mégot et fais un sourire d'adieu à la vieille qui doit dormir...

Le froid me saisit, je ferme mon manteau. L'odeur de la naphtaline me reste dans les narine comme une sale impression de mort.

J'entends la cloche de l'église hurler la fin de la messe. Lorsque les portes s'ouvrent, une foule grise, épaisse et lente, comme un glaire que Dieu aurait craché, s'étale sur la petite place. Des vieux clopin-clopant, le cliquetis des talons, les clocs des cannes et des béquilles, les murmures de lamentations, les larmes de l'impatience. Une vieille femme en noir perd l'équilibre, tombe à mes pieds et renverse son cabas. Je regarde impuissant et m'écarte pour laisser les autres vieux l'aider à se relever. Je me demande si je vais devenir comme ça, comme eux : faible et puant...

Dans les rues du retour, je repense à ces vieillards. Je pense à leur odeur de peau pourrie, à leurs familles quand ils seront partis. Je pense aux larmes versées leur inondant les pieds ankylosés d'être resté trop longtemps les yeux dans le marbre gris : ils pensent à leurs vieux, disparus sans mémoire, juste le chagrin au fond de la poche, dans un mouchoir.

13 avril 2005

générique

J'ai trente et un ans et je décide de tout vous dire...

Publicité
Publicité
journal d'un fou
Publicité
Publicité